La nation que Hitler craignait de conquérir

Pourquoi Hitler n'a jamais occupé la Suisse: Le pouvoir de la neutralité armée

par Felix Abt*

(27 juin 2025) La survie de la Suisse n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une stratégie militaire et d'une manœuvre stratégique magistrales. La survie de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une stratégie délibérée et calculée de neutralité armée. Alors qu'Hitler conquiert la majeure partie de l'Europe, la Suisse reste indépendante, inoccupée et farouchement neutre, bien qu'entourée par les puissances ennemies de l'Axe.

Felix Abt.
(Photo mad)

L'Allemagne nazie avait un plan d'invasion (opération Tannenbaum) et Hitler méprisait la démocratie suisse. Mais l'invasion n'a jamais eu lieu. Pourquoi? Parce que la Suisse a su allier avec brio défiance et pragmatisme, faisant en sorte que le coût d'une occupation aurait largement dépassé les avantages potentiels pour le Troisième Reich.

La neutralité comme bouclier – soutenue par la force

La neutralité de la Suisse n'était pas seulement une position diplomatique, mais aussi une doctrine militaire. Contrairement à d'autres nations neutres telles que la Belgique ou les Pays-Bas, la Suisse ne s'est pas appuyée sur des promesses ou des traités pour se protéger. Elle a plutôt dissuadé les agresseurs par les mesures suivantes:

  • Une armée de citoyens entièrement mobilisable (jusqu'à 850 000 soldats, soit près de 20% de la population).
  • La stratégie du réduit national, qui transformait les Alpes suisses en une forteresse imprenable.
  • Une politique de résistance totale – le général Guisan déclara en 1940 que la Suisse se battrait jusqu'à la dernière cartouche plutôt que de se rendre.

Hitler était conscient qu'une invasion de la Suisse aurait les conséquences suivantes:

  • Une longue guérilla dans les montagnes.
  • Le retrait d'un demi-million de soldats du front oriental.
  • La perte d'importantes relations bancaires et commerciales.

La neutralité n'a fonctionné que parce que la Suisse était prête à la défendre à tout prix.

Des concessions économiques, mais jamais la soumission

La Suisse a conclu des accords pragmatiques avec l'Allemagne nazie, mais n'est jamais devenue un Etat fantoche.

  • Les banques suisses ont traité l'or nazi (y compris les avoirs dérobés), mais le pays a refusé de s'intégrer pleinement dans le système financier hitlérien.
  • Les usines suisses ont vendu des machines à l'Allemagne, mais n'ont jamais accordé aux nazis le contrôle direct de la production.
  • L'Allemagne a utilisé des tunnels suisses comme voies d'approvisionnement, mais la Suisse a strictement réglementé les livraisons et refusé l'accès illimité.

Ces concessions ont rendu l'Allemagne nazie dépendante de la coopération avec la Suisse – une invasion aurait été contre-productive sur le plan économique.

Un exercice diplomatique périlleux – Maîtriser les manœuvres stratégiques

La neutralité de la Suisse n'était pas un idéalisme aveugle, mais une realpolitik froide et calculatrice:

  • Centre d'espionnage – Les Alliés comme les puissances de l'Axe ont utilisé la Suisse pour leurs opérations de renseignement, mais la Suisse n'a jamais pris ouvertement parti.
  • Influence humanitaire – La Croix-Rouge, basée à Genève, a apporté son aide aux prisonniers de guerre (y compris allemands), ce qui a conféré à la Suisse une influence morale.
  • Politique d'accueil des réfugiés – un compromis sombre – Si la Suisse a refusé de nombreux réfugiés juifs, elle en a toutefois accueilli des milliers, naviguant prudemment entre la pression nazie et l'observation internationale.

La Suisse a survécu en ne prenant jamais trop parti et en conservant juste assez d'indépendance pour rester intacte.

La leçon à en tirer: la neutralité doit être défendue

La survie de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale prouve que la neutralité n'a aucun sens sans la force de la défendre. Hitler n'a pas épargné la Suisse par respect, il a évité de l'envahir parce que:

  • Les coûts militaires étaient trop élevés.
  • Les avantages économiques étaient trop précieux pour être perdus.
  • La résistance suisse rendait une occupation impossible.

D'autres nations neutres comme la Belgique, le Danemark et la Norvège ont été envahies parce qu'elles ne disposaient pas de cette combinaison unique de situation géographique, de préparation militaire et de pragmatisme impitoyable.

ISBN 978 2051 017 831

Conclusion: raisons pour lesquelles la neutralité suisse a fonctionné

La survie de la Suisse a été un chef-d'œuvre de realpolitik:

  • Elle s'est armée jusqu'aux dents – la neutralité sans force est synonyme de capitulation.
  • Elle a conclu des accords, mais n'a jamais renoncé à sa souveraineté – la coopération économique n'est pas synonyme d'occupation.
  • Elle a joué sur les deux tableaux sans s'engager – son habileté diplomatique lui a assuré la survie.

L'indépendance de la Suisse n'était pas un cadeau d'Hitler – elle a été obtenue grâce à l'acier, à la stratégie et à une ténacité sans faille.

La neutralité n'est pas passive. C'est un combat – et la Suisse l'a remporté.

Une leçon à tirer de l'histoire: la neutralité de la Suisse est menacée

La stratégie de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale reste d'une grande importance aujourd'hui. A une époque où les rapports de force mondiaux sont en pleine mutation, les petites nations ne peuvent survivre en espérant la clémence: elles survivent en veillant à ce que les agressions restent trop coûteuses pour être poursuivies.

Il est inquiétant de constater que certaines élites suisses semblent avoir oublié les leçons de l'histoire, précisément les principes qui ont permis à la Suisse, une nation marquée par l'adversité, de prospérer malgré le manque de ressources naturelles, l'insuffisance des terres arables pour nourrir sa population et l'absence d'accès à la mer.

Prenons l'exemple de la «Neue Zürcher Zeitung», le journal le plus influent de Suisse. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son rédacteur en chef, Willy Bretscher, était un fervent défenseur de la neutralité et rejetait tant le nazisme que le communisme. Sous sa direction, la «Neue Zürcher Zeitung» alliait critique et pragmatisme, reconnaissant que la survie de la Suisse dépendait de son refus de s'aligner sur une idéologie.

Aujourd'hui, cependant, Eric Guyer, rédacteur en chef de la «Neue Zürcher Zeitung», adopte une position très différente. Idéologue transatlantiste convaincu, il attaque régulièrement la Russie1 et la Chine,2 rejette ouvertement la neutralité, la qualifiant de «fardeau»,3 et tend vers l'intégration dans l'OTAN. Ce changement de cap est dangereux.

Le peuple suisse doit s'y opposer!

La neutralité n'est pas une relique, mais le fondement de la survie de la Suisse. Si le pays renonce à son indépendance stratégique, il risque de devenir le jouet des grandes puissances, à l'instar des petites nations qui ont été victimes des ambitions d'Hitler.

La leçon de l'histoire est claire: une Suisse qui oublie sa neutralité est une Suisse qui joue avec sa survie.

* Felix Abt est un entrepreneur basé en Asie, auteur (felixabt.substack.com) et blogueur de voyage (youtube.com/@lixplore).

(Traduction «Point de vue Suisse»)

1 https://felixabt.substack.com/p/the-suffering-of-young-russians-in

2 https://felixabt.substack.com/p/revelation-repressive-china-suppressed

3 https://weltwoche.ch/story/neutralitaet-als-schweizer-talisman/

Retour